L'Otan réunie en sommet accueille Zelensky à Washington sur fond d'incertitude politique
Le président ukrainien est arrivé mardi à Washington pour participer à un sommet de l'Otan, censé confirmer le soutien des alliés à son pays en guerre, mais qui sera aussi dominé par le climat d'incertitude politique aux Etats-Unis.
"Aujourd'hui, c'est Washington", a indiqué M. Zelensky dans son adresse vidéo quotidienne. "Nous nous battons pour obtenir davantage de défense antiaérienne" et "davantage d'avions F-16", dont la livraison à l'Ukraine est attendue prochainement, a-t-il ajouté.
Au lendemain de frappes russes particulièrement meurtrières, ayant fait plus de 30 morts et dévasté le plus grand hôpital pour enfants du pays, le président ukrainien attend de ses alliés qu'ils concrétisent enfin leurs promesses.
"Cette semaine à Washington, vous verrez les dirigeants de l'Otan se rassembler et s'unir pour que l'Ukraine dispose dans la durée de capacités de défense antiaérienne", a assuré mardi matin le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby sur la chaîne CNN.
- "Nouvelles mesures" -
Kiev réclame en particulier des systèmes de défense antiaérienne, notamment des batteries Patriot, dont les missiles sol-air sont particulièrement efficaces contre les missiles balistiques. Les frappes russes ont fait des dizaines de morts et déjà détruit la moitié des capacités énergétiques de l'Ukraine.
Sans fournir de détails, le président américain Joe Biden a promis lundi qu'il annoncerait, avec ses alliés de l'Otan, "de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine afin d'aider à protéger ses villes et ses civils des frappes russes".
Mais à quatre mois de l'élection présidentielle, le président américain, 81 ans, doit aussi prouver qu'il est non seulement capable de battre son rival républicain Donald Trump, mais aussi de gouverner la première puissance militaire mondiale.
Les appels se multiplient, y compris au sein de son camp démocrate, pour qu'il renonce à se représenter après le calamiteux débat fin juin face à son adversaire de 78 ans, où il est apparu très fatigué et embrouillé.
- Aucune préoccupation -
Et au-delà des électeurs américains, il devra aussi rassurer les dirigeants des 32 pays de l'Otan, attendus pendant trois jours à Washington. "Je ne suis pas préoccupé", a toutefois assuré mardi le chancelier allemand Olaf Scholz. "De mes nombreuses conversations avec le président américain, je sais qu'il a très bien préparé ce sommet", a-t-il ajouté.
Le président américain doit prononcer un discours dans l'après-midi à Washington pour marquer le 75e anniversaire de l'Alliance atlantique, créée en avril 1949 pour faire face à la menace soviétique. Volodymyr Zelensky et Jens Stoltenberg seront également présents dans l'auditorium Andrew W. Mellon, où a été signé il y a 75 ans le Traité de l'Atlantique fondant l'organisation du même nom.
A l'occasion de ce sommet, Kiev souhaite également, mais sans illusion, que sa candidature pour rejoindre l'Alliance atlantique avance à Washington, après les frustrations générées par le manque de progrès sur ce point l'an dernier lors du sommet de Vilnius. L'Ukraine souhaite recevoir une invitation formelle à rejoindre l'Otan, mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, s'y opposent.
Elle devrait en revanche obtenir que cette promesse d'adhésion soit "irréversible", selon un diplomate, précisant toutefois que certaines conditions seraient ajoutées.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a assuré de son côté que l'ensemble des mesures en faveur de l'Ukraine, annoncées lors du sommet de Washington, sont autant d'éléments favorisant son entrée dans l'Alliance.
Dans un discours devant un forum industriel à Washington mardi, M. Stoltenberg a indiqué que les 32 pays de l'Otan allaient signer un engagement pour rendre leur industrie de défense "plus forte, plus innovante, et capable de produire à grande échelle".
La Russie a fait savoir mardi qu'elle suivrait avec "une attention maximale" ce sommet des 75 ans de l'Alliance atlantique.
La Chine a de son côté fustigé les "diffamations" et "attaques" de l'Otan après que son secrétaire général Jens Stoltenberg l'a accusée de soutenir l'invasion russe en Ukraine. Plusieurs pays de la région Asie-Pacifique ont été invités à participer au sommet de Washington, dont la Corée du Sud, l'Australie et le Japon.
R.Verbruggen--JdB