Des dizaines de milliers de manifestants réclament des hausses de salaires
"Tout augmente, sauf nos salaires!": plusieurs dizaines de milliers d'employés du privé, fonctionnaires, retraités ou lycéens ont manifesté jeudi en France pour réclamer des hausses de salaires dans un contexte de retour en force de la question du pouvoir d'achat, à quelques semaines de la présidentielle.
Cette journée, à l'appel de la CGT, FO, FSU et Solidaires et de plusieurs organisations de jeunesse, "est la convergence de toutes les mobilisations" depuis plusieurs semaines "dans tous les secteurs", a souligné le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. La centrale de Montreuil a cité l'industrie, l'agro-alimentaire, le commerce ou la fonction publique.
"Plus de 150.000" personnes se sont mobilisées lors de 170 manifestations et rassemblements, selon la CGT. La précédente journée de mobilisation nationale interprofessionnelle, le 5 octobre, avait réuni 85.400 personnes selon le ministère de l'Intérieur, plus de 160.000 selon la CGT.
A Paris, le cortège - fort de 20.000 participants, selon la CGT -, s'est élancé peu après 14H00 de la place de la Bastille en direction de Bercy, derrière une banderole proclamant: "Augmentation générale des salaires, des retraites, des minimas sociaux, c'est l'urgence".
Des personnalités politiques étaient présentes, à l'instar de Jean-Luc Mélenchon (LFI), Yannick Jadot (EELV) et Fabien Roussel (PCF), à l'heure où les sondages mettent en tête des préoccupations des électeurs la question du pouvoir d'achat.
A Marseille, dans la matinée, plusieurs milliers de personnes (2.500, selon la préfecture de police) ont défilé depuis le Vieux-Port, tandis qu'à Lyon, ils étaient environ 1.500 (police) dans un froid glacial.
Ils étaient aussi un millier à Saint-Etienne, selon la police, 2.500 d'après la CGT, entre 1.500 (police) et 2.500 (syndicats) à Rennes et 1.750 à Bordeaux (préfecture).
A Lille, plusieurs centaines de personnes se sont également réunies, sous la bruine, tandis qu'à Calais, ils étaient 150 à 200.
A Strasbourg, plusieurs centaines de personnes (600 selon la préfecture, 700 selon les organisateurs) manifestaient aussi dans l'après-midi, et environ 500 à Besançon, derrière une banderole "Notre pouvoir d'achat part en fumée. Ras-le-bol !". Ils étaient encore quelque 600 à Dijon, tandis qu'en Corse, la mobilisation était faible, avec environ 150 personnes à Bastia, selon les autorités.
- "Comme des dominos" -
Les enseignants, déjà dans la rue les 13 et 20 janvier pour protester contre la gestion de la crise sanitaire du Covid-19, étaient présents dans les différents cortèges, avec des pancartes ciblant leur ministre Jean-Michel Blanquer, comme: "Des salaires pour aller à Ibiza en hiver". En fin de matinée, le ministère a fait état de 8 à 9% de grévistes dans le premier et le second degré.
"Gros ras-le-bol", des profs qui sont "à bout" ou qui tombent "comme des dominos": de Paris à Marseille en passant par Strasbourg, leur colère se faisait entendre.
Hors éducation, le taux de grévistes dans la fonction publique d'Etat était évalué à environ 2,6% à la mi-journée, selon le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques.
Les syndicats demandent une augmentation du Smic et du point d'indice des fonctionnaires, et plus généralement de tous les salaires, allocations et pensions de retraite, dans un contexte de forte inflation (+2,8% sur un an en décembre) et de dividendes record.
"Il y a des déclarations de bonnes intentions de la part du gouvernement mais on voit que dans les branches ça coince". (...) Les salariés demandent leur dû", a estimé M. Martinez.
La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a souligné pour sa part sur CNews jeudi que le gouvernement était "très attentif au pouvoir d'achat depuis le début du quinquennat".
Et le Premier ministre doit recevoir les partenaires sociaux pour des entretiens bilatéraux d'ici mi-février, a-t-on appris auprès de Matignon. Outre des sujets comme l'avancement de l'agenda social, seront évoqués "les sujets de préoccupation des partenaires sociaux".
Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, martèle lui aussi la nécessité de revaloriser les salaires, appelant le patronat à comprendre que "maintenant il faut rendre un peu". Mais le premier syndicat français n'a pas joint ses forces à l'intersyndicale jeudi, et décidé d'organiser le 3 février "une marche des travailleurs essentiels".
Les organisateurs de la mobilisation de jeudi décideront vendredi de la suite du mouvement, lors d'une réunion à laquelle participeront l'Unsa et la CFE-CGC.
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W.Baert --JdB