"C'est Trump!" Harris et Biden dénoncent la restriction de l'IVG en Floride
"C'est Trump qui a fait ça": bien décidée à exploiter à fond cet angle d'attaque politique contre l'ancien président républicain, la vice-présidente américaine Kamala Harris est allée mercredi faire campagne en Floride, où l'avortement est désormais interdit au-delà de six semaines.
"Nous avons vécu une attaque en règle, Etat après Etat, contre les libertés reproductives et nous savons qui en est responsable. C'est l'ancien président Trump qui a fait ça", a asséné la démocrate, colistière du président Joe Biden pour l'élection de novembre, depuis Jacksonville.
Depuis mercredi, l'Etat du sud-est, le troisième plus peuplé d'Amérique, interdit les interruptions volontaires de grossesse après six semaines. A ce stade, "beaucoup de femmes ne savent mêmes pas qu'elles sont enceintes", a lancé la vice-présidente, première femme et première personne afro-américaine et d'origine asiatique à ce poste.
"Cela vous montre au passage que les extrémistes qui ont rédigé cette interdiction ne savent pas comment fonctionnent le corps d'une femme, ou alors ils s'en moquent", a-t-elle affirmé.
- "Un refuge" -
"La Floride était un refuge pour l'avortement dans le sud des Etats-Unis", où d'autres Etats ont déjà décidé d'interdire ou sévèrement restreindre cet acte, déplore auprès de l'AFP Ryan Moran, infirmier dans une clinique de Jacksonville qui pratique des IVG, en déplorant un "jour sombre".
Joe Biden a lui évoqué dans un communiqué un "cauchemar" dont il rend Donald Trump responsable.
L'ex-président républicain se félicite régulièrement d'être à l'origine du spectaculaire revirement de jurisprudence de la Cour suprême en juin 2022.
L'institution, à laquelle il avait donné une composition très conservatrice, avait alors fait voler en éclats la protection fédérale du droit à l'avortement, renvoyant la responsabilité aux Etats.
La semaine dernière, le président démocrate s'était lui aussi rendu en Floride, un Etat remporté par Donald Trump lors des deux dernières présidentielles.
Les démocrates tentent de faire de l'avortement l'un des enjeux clés de la présidentielle de 2024, estimant qu'il s'agit d'un moyen de gagner des voix contre le magnat de 77 ans.
Dans son discours, la vice-présidente de 59 ans a rappelé de récentes déclarations de Donald Trump, qui dans une interview a indiqué qu'il laisserait le champ libre aux Etats souhaitant placer sous surveillance les femmes enceintes ou poursuivre en justice celles qui avortent.
"Sous Donald Trump, il serait normal que les femmes soient surveillées et punies par le gouvernement", a-t-elle déclaré.
Kamala Harris a affirmé qu'en cas de réélection, le républicain soutiendrait le vote d'une loi interdisant l'avortement sur tout le territoire américain.
- "Nous enfumer" -
Le milliardaire a laissé entendre qu'il n'était pas favorable à une telle législation.
"Qu'il arrête de nous enfumer, parce que nous savons tous que s'il en a l'occasion, Donald Trump promulguera une interdiction fédérale de l'avortement", a contre-attaqué la vice-présidente mercredi.
En se rendant en Floride, les deux démocrates ont amené la question du droit à l'avortement quasiment sur le pas de la porte de Donald Trump, qui possède une vaste propriété à Palm Beach, dans le sud.
Le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, est à l'origine de l'interdiction de l'avortement au-delà de six semaines. Il s'était présenté sans succès à la primaire républicaine.
En avril, la Cour suprême de Floride avait confirmé l'entrée en vigueur de cette loi, mais elle avait dans le même temps renvoyé la décision finale aux électeurs.
Ces derniers voteront en novembre, en même temps que la présidentielle et les législatives, sur un amendement garantissant le droit à l'avortement dans l'Etat.
L'interruption volontaire de grossesse est depuis toujours ou presque un sujet politiquement brûlant aux Etats-Unis, bien que, selon les sondages, la majorité des Américains soient favorables au droit à l'avortement.
W.Lejeune--JdB