Rachat des parts de Tapie dans La Provence: les salariés réitèrent leur demande d'ouverture des offres
"L'inertie c'est fini !", ont insisté mercredi les représentants des salariés du groupe de presse régional La Provence, exigeant une nouvelle fois l'ouverture des deux offres de reprise des 89% des parts du quotidien détenues par Bernard Tapie, décédé en octobre.
"Les salariés sont en union pour demander (...) leur participation à cette cession", qui ne peut se réaliser "sans leur adhésion, mais pour cela il nous faut les informations", a plaidé Me Catherine Szwarc, une des deux avocates des salariés, lors d'une conférence de presse au siège du journal à Marseille.
"On nous dit qu'il s'agirait d'une cession de gré à gré et que le seul élément important serait le prix de la cession, sauf que c'est de fait une cession d'entreprise et de ses filiales, avec un important impact social", a ajouté sa consœur, Me Elise Brand, en évoquant les 800 emplois en jeu. "Or nous n'avons aucune information sur l'évolution de ce dossier", a souligné l'avocate.
A la date limite du 30 novembre, deux dossiers de reprise avaient été remis à Me Xavier Brouard, le liquidateur judiciaire du groupe détenu par Bernard Tapie jusqu'à son décès: par NJJ, la holding de Xavier Niel, le fondateur de l'opérateur de télécommunications Free d'un côté, et par l'armateur marseillais CMA-CGM, un des géants mondiaux du secteur, de l'autre.
Xavier Niel, qui détient déjà 11% de La Provence via NJJ, est aussi actionnaire du Monde à titre individuel, ainsi que propriétaire de Nice-Matin, toujours via NJJ.
Le 11 novembre, le tribunal de commerce de Marseille a suspendu le pacte d'actionnaires qui offrait un droit de veto à Xavier Niel, en tant qu'actionnaire minoritaire, sur tout candidat au rachat des 89% de GBT (Groupe Bernard Tapie). Une décision dont a fait appel M. Niel.
La date de l'examen de cet appel n'est pas connue, pas plus que celle de l'ouverture des offres.
- "Sortir de l'ornière" -
"Le 20 janvier, nous avons appris la désignation d'un nouveau co-liquidateur, ce qui laisse penser qu'une piste est de relancer un nouvel appel d'offres", s'est avancée Me Brand mercredi. "Et cette fois-ci, il est hors de question que les salariés restent à l'écart et ne puissent pas participer à sa rédaction."
"L'objectif des CSE des salariés, des syndicats, c'est de pouvoir peser sur la teneur des offres elles-mêmes", a-t-elle insisté: "Les salaires, les statuts, les conditions de travail, les conditions de maintien de l'emploi, doivent pouvoir être mis sur la table et discutés."
"Depuis cinq ans, il n'y a pas d'investissement (...) c'est l'inertie la plus totale (...), il faut sortir de l'ornière", a exhorté une représentante du Syndicat national des journalistes (SNJ), lors de cette même conférence de presse, en insistant sur la nécessité de redonner une perspective au groupe, propriétaire du journal La Provence mais aussi de Corse Matin.
La diffusion de La Provence, un des quotidiens phares du Sud-Est de la France, a enregistré une baisse régulière ces dernières années, passant d'environ 100.000 exemplaires quotidiens en 2017 à environ 75.000 aujourd'hui. La diffusion payée de Corse-Matin est elle de 25.000 exemplaires quotidiens en moyenne, selon l'Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.
Dans un communiqué mercredi, les syndicats SNJ et STC de Corse-Matin ont indiqué avoir déposé des conclusions, début janvier, auprès du tribunal de commerce de Bobigny, chargé de la liquidation de GBT, afin de demander l'ouverture "rapide" des offres.
Les sociétés de Bernard Tapie, l'homme d'affaires décédé en octobre, sont en liquidation judiciaire depuis 2020 et ont été condamnées à payer environ 400 millions d'euros aux structures gérant le passif du Crédit Lyonnais.
A.Parmentier--JdB