Journal De Bruxelles - En Europe, le ton monte contre Elon Musk

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En Europe, le ton monte contre Elon Musk
En Europe, le ton monte contre Elon Musk / Photo: Leon Neal - POOL/AFP

En Europe, le ton monte contre Elon Musk

Face à l'intervention croissante d'Elon Musk dans les débats politiques européens, plusieurs dirigeants du Vieux Continent ont haussé le ton lundi contre le tonitruant milliardaire, accusé de colporter "mensonges et de désinformation" et de soutenir une "internationale réactionnaire".

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Le Premier ministre britannique, une des cibles privilégiées d'Elon Musk ces dernières semaines, a dénoncé "ceux qui propagent mensonges et désinformation" après plusieurs jours de messages effrénés du milliardaire sur X pour attaquer la gestion par les autorités d'une affaire de pédocriminalité en Angleterre et soutenir un activiste d'extrême droite.

Elon Musk lui a répliqué, accusant le dirigeant travailliste d'être "tout à fait méprisable".

"Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l'aurait imaginé?", a-t-il ainsi lancé lors d'une allocution devant les ambassadeurs français.

Il faisait référence au soutien appuyé du milliardaire américain au parti d'extrême droite allemand AfD, notamment dans une tribune publiée dans le journal Die Welt en pleine campagne pour les élections anticipées.

La tonalité contraste avec le temps où les dirigeants européens se battaient pour attirer les faveurs de l'homme d'affaires, espérant accueillir une future usine Tesla et louant le génie visionnaire du fondateur de SpaceX.

Depuis qu'il s'est engagé politiquement derrière Donald Trump et a joué un rôle de premier plan dans sa campagne, Elon Musk a multiplié les marques de soutien aux représentants de l'extrême droite en Allemagne ou au Royaume-Uni.

Des sorties souvent publiées sur son réseau social X, et qui inquiètent désormais certains dirigeants en place dans un contexte de montée en puissance de ces courants dans de nombreux pays, portés notamment par les préoccupations liées à l'immigration.

Elles mettent aussi certains d'entre eux dans une situation délicate, à quelques jours du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a confié à Elon Musk une mission sur la réduction de la dépense publique.

- "Attaque contre la démocratie" -

Exception notable parmi les principaux pays européens: la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a qualifié Musk de "génie" et d'"innovateur extraordinaire", dans un entretien au Corriere della Sera vendredi.

"Cela me fait sourire de voir ceux qui jusqu'à hier parlaient de Musk comme d'un génie et qui en revanche aujourd'hui le dépeignent comme un monstre, seulement parce qu'il a choisi le camp considéré comme +mauvais+ sur la barricade", a raillé la dirigeante italienne, qui a rendu brièvement visite à Donald Trump samedi en Floride.

En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a condamné samedi les "déclarations erratiques" d'Elon Musk, qui l'avait traité de "fou" et "d'imbécile incompétent", avant de qualifier de "tyran" le président Frank-Walter Steinmeier.

Musk avait également jugé que le gouvernement travailliste britannique dirigeait un "Etat policier tyrannique", du fait des poursuites engagées contre les personnes ayant attisé les violences sur les réseaux sociaux lors des émeutes de l'été dernier.

Dans cet entretien au magazine Stern, le chancelier allemand social-démocrate a toutefois estimé qu'il fallait "garder son calme" face à l'hyperactif homme d'affaires.

"Le président allemand n'est pas un tyran anti-démocratique et l'Allemagne est une démocratie forte et stable - peu importe ce que M. Musk affirme", a souligné Olaf Scholz.

Mais son vice-chancelier et ministre de l'Economie, l'écologiste Robert Habeck, a lui jugé ce week-end que "la combinaison d'une énorme richesse, du contrôle de l'information et des réseaux, de l'utilisation de l'intelligence artificielle et de la volonté d'ignorer les règles est une attaque frontale contre notre démocratie".

En Norvège aussi, le Premier ministre Jonas Gahr Støre a fait part lundi de son inquiétude, jugeant sur la radio publique NRK, "préoccupant qu'un homme avec un accès considérable aux réseaux sociaux et d'importantes ressources économiques s'implique de manière si directe dans les affaires internes d'autres pays".

M.Kohnen--JdB