"Les Banshees d'Inisherin" domine les nominations de Golden Globes en quête de rédemption
Le film "Les Banshees d'Inisherin" a dominé lundi les nominations des Golden Globes en pleine quête de rédemption après les scandales de racisme, sexisme et de corruption ayant détruit leur prestige.
Cette tragicomédie, qui met en scène la fin abrupte d'une amitié sur une petite île irlandaise dans les années 1920, va concourir dans huit catégories -- une première depuis vingt ans -- dont celle de la meilleure comédie de l'année.
Son acteur principal, Colin Farrell, et son réalisateur, Martin McDonagh, ont également une chance de remporter une statuette.
Avec six nominations, la comédie surréaliste "Everything Everywhere All At Once", où Michelle Yeoh campe une mère de famille lessivée par la paperasse et les tracas quotidiens, soudainement plongée dans des univers parallèles, sera un sérieux concurrent.
Le long-métrage "Babylon" sur l'âge d'or d'Hollywood et le très intime "The Fabelmans" de Steven Spielberg ont eux été salués par cinq nominations chacun.
Mais plus que les nominés, c'est l'attitude du gratin hollywoodien envers les Golden Globes qui va faire l'objet de toutes les attentions, pour cette 80e cérémonie.
Car ces prix, qui ouvrent la saison des récompenses cinématographiques aux Etats-Unis et sont traditionnellement les plus suivis après les Oscars, ont perdu beaucoup de leur lustre à cause de multiples scandales.
- Silence -
L'Association de la presse étrangère de Hollywood (HFPA), qui constitue leur jury, est dans la tourmente depuis des révélations début 2021 accusant ses membres de racisme, sexisme et corruption.
Le tout Hollywood a boudé la dernière cérémonie en janvier. Les Golden Globes avaient alors été décernés sans public ni télévision, et seulement annoncés sur Twitter.
Mais après des réformes soigneusement mises en avant, la HFPA espère sortir de l'ornière. Son partenaire historique, la chaîne NBC, a accepté de rediffuser la cérémonie 2023.
Reste à savoir si les stars nominées sont prêtes à adouber ce retour en grâce: très peu d'entre elles ont réagi publiquement lundi. Sur les réseaux sociaux, plusieurs comptes assurant la promotion des films en lice ont toutefois rompu le silence et félicité les membres de leur équipe retenus pour les Golden Globes.
Nominé pour son rôle de professeur obèse et reclus chez lui dans "The Whale", l'acteur Brendan Fraser, avait prévenu d'avance qu'il boycotterait la cérémonie.
"C'est à cause de l'histoire que j'ai avec eux. Et ma mère ne m'a pas élevé en hypocrite", a récemment déclaré au magazine GQ l'acteur, qui accuse l'ex-président de la HFPA -- Philip Berk, récemment exclu après avoir qualifié "Black Lives Matter" de "mouvement raciste haineux" --, de l'avoir agressé sexuellement en 2003.
Lundi, un autre protestataire, Tom Cruise, qui avait renvoyé ses trois Golden Globes, a lui été snobé par la HFPA dans ses nominations, malgré sa performance dans "Top Gun: Maverick", qui a cartonné au box-office.
Le film a toutefois été nommé dans deux catégories, tout comme un autre blockbuster, "Avatar: la voie de l'eau". "Elvis", le biopic extravagant de Baz Luhrmann sur la vie du roi du rock'n'roll Elvis Presley, récolte lui trois nominations.
- Réformes -
Face aux polémiques, la HFPA a notamment renouvelé ses membres, en incluant 103 nouveaux entrants, dont de nombreuses femmes et personnes issues de minorités ethniques.
L'association a également interdit à ses membres d'accepter des cadeaux luxueux et des séjours tous frais payés à l'hôtel de la part des studios courtisant leur voix.
"Ce n'est vraiment plus l'ancienne HFPA", a récemment assuré au Hollywood Reporter sa présidente Helen Hoehne.
Mais à Hollywood, certains restent sceptiques. En juillet, la HFPA, qui est une association à but non lucratif, a annoncé transmettre l'organisation des Golden Globes à une entreprise créée par le milliardaire américain Todd Boehly. Les termes de cet accord prévoient le versement d'un salaire annuel aux membres de la HFPA.
Malgré l'embauche d'un humoriste gay afro-américain, Jerrod Carmichael, pour présenter la cérémonie en janvier prochain, les nominations de lundi risquent également d'alimenter le procès en manque de diversité fait aux Golden Globes: aucune femme n'a été nommée dans la catégorie meilleur réalisateur.
De l'autre côté de la caméra, Cate Blanchett a été nominée pour son rôle de cheffe d'orchestre impitoyable dans "Tar", face notamment à Viola Davis, guerrière d'une tribu d'Afrique de l'Ouest dans "The Woman King". Le britannique Daniel Craig est lui nommé pour son rôle de détective dans le deuxième volet de la franchise "Glass Onion".
Côté séries, la comédie "Abbott Elementary" domine avec cinq nominations, suivie de près par la saga de Netflix sur la monarchie britannique "The Crown, avec quatre mentions.
D.Verheyen--JdB