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Japon: démissions à la tête de Fuji TV après des allégations d'agression sexuelle visant un présentateur-star
Japon: démissions à la tête de Fuji TV après des allégations d'agression sexuelle visant un présentateur-star / Photo: Kazuhiro NOGI - AFP

Japon: démissions à la tête de Fuji TV après des allégations d'agression sexuelle visant un présentateur-star

Les deux principaux dirigeants de la chaîne privée japonaise Fuji TV ont démissionné lundi, à la suite du scandale entourant l'ex-présentateur vedette Masahiro Nakai, visé par des allégations d'agression sexuelle qui ont suscité l'indignation et conduit à une fuite des annonceurs.

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La situation était devenue intenable pour Fuji TV, sous une pression croissante depuis qu'un influent tabloïd a accusé fin décembre Masahiro Nakai, 52 ans, d'avoir imposé un acte sexuel non consenti à une femme en 2023, des faits caractérisant une agression.

Cet ex-chanteur du boys-band SMAP dans les années 1990 était ensuite devenu une personnalité adulée à la télévision. Selon le tabloïd, il aurait versé 90 millions de yens (environ 560.000 euros) à cette femme pour régler ce que les autres médias locaux ont prudemment qualifié d'"inconduite sexuelle".

Après l'annulation de ses émissions, Masahiro Nakai a annoncé jeudi dernier mettre fin à sa carrière. "Je suis seul responsable", a-t-il alors affirmé.

Plus tôt en janvier, il avait assuré dans une déclaration que ce qui avait été rapporté était "différent des faits". Son agence artistique avait précisé à des médias nippons que la star n'avait "jamais eu recours à la force, ni à la violence".

Au fil des semaines, Fuji TV a de son côté été critiquée pour son supposé manque de transparence: Koichi Minato, président de la chaîne, et Shuji Kanoh, président du conseil d'administration de Fuji Media (maison-mère de Fuji TV), ont finalement renoncé à leurs fonctions lundi.

"Je voudrais présenter mes plus sincères excuses aux femmes concernées pour ne pas leur avoir accordé l'attention qu'il fallait, en raison d'une prise de conscience insuffisante aux droits humains", a déclaré M. Kanoh devant la presse.

"Je présente mes excuses aux téléspectateurs, aux annonceurs, aux membres de l'entreprise, aux actionnaires (...) pour la grande inquiétude et les désagréments causés par les informations de presse" des dernières semaines, a-t-il ajouté.

Plus tôt en janvier, M. Minato avait admis que Fuji TV était au courant de l'affaire avant qu'elle ne soit rendue publique.

Fuji TV a cependant réfuté les informations de presse selon lesquelles un employé de la chaîne avait organisé la soirée durant laquelle Masahiro Nakai a rencontré la femme, qui se serait déroulée au domicile de la star et dont les autres convives se seraient décommandés de concert.

- "Graves manquements" -

M. Minato avait déjà organisé le 17 janvier un point-presse réservé à quelques médias choisis, sans caméra, et durant lequel il avait refusé de répondre à de nombreuses questions, sous prétexte qu'une nouvelle enquête interne avait été ouverte... par un comité impliquant des employés de Fuji TV.

Une opacité qui avait alimenté une nouvelle salve de critiques, notamment de la part de Rising Fun, filiale du fonds d'investissement américain Dalton Investment et important actionnaire de Fuji Media.

Il y a "de graves manquements dans la gouvernance d'entreprise au sein de Fuji Media Holdings. La colère (...) ne va clairement pas disparaître" s'était-il indigné.

Les annonceurs ont déserté la chaîne: plus de soixante-dix entreprises, dont Toyota et McDonald's, ont retiré leurs spots publicitaires, tandis que le titre de Fuji Media dévissait en Bourse.

"Nous sommes parfaitement conscients que nous avons porté atteinte à la crédibilité" de la chaîne, a reconnu lundi Koichi Minato.

Il a expliqué être désormais lui-même "l'objet d'une enquête menée par un comité indépendant" et s'est engagé à "coopérer pleinement pour découvrir la vérité, empêcher que des problèmes similaires ne se reproduisent, et pour réformer la culture d'entreprise".

Le scandale pourrait bousculer l'équilibre économique de Fuji Television, diffuseur privé majeur au Japon, qui avait connu de fortes audiences dans les années 1980 et 1990 avec ses émissions de comédie et de chanson, et ses feuilletons.

Il avait diffusé le premier film d'animation produit au Japon, "Astro Boy", en 1963, et a produit plusieurs films, dont "Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-eda, vainqueur de la Palme d'or 2018.

Ce scandale survient après que l'empire des boys bands Johnny & Associates, aujourd'hui disparu et dont SMAP a longtemps été la tête d'affiche, a admis en 2023 des allégations d'abus sexuels de la part de son défunt fondateur.

Le magnat de la musique Johnny Kitagawa, décédé à l'âge de 87 ans en 2019, avait pendant des décennies agressé sexuellement des adolescents et des jeunes hommes en quête de célébrité.

D.Mertens--JdB