Cyberharcèlement en meute de Magali Berdah: des peines de prison pour les 28 prévenus
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi à des peines allant de 4 à 18 mois de prison, assorties de sursis dans la moitié des cas, 28 personnes reconnues coupables d'avoir participé au cyberharcèlement en meute de l'ex-"reine des influenceurs" Magali Berdah.
Il est "démontré" qu'au moment des faits, chacun des 28 prévenus "a eu connaissance du cyberharcèlement subi par la victime et a fait le choix de s'inscrire sciemment dans celui-ci", a estimé le tribunal, qui a rappelé dans sa décision les "répercussions réelles" de ce phénomène pour la santé mentale de la victime.
Dans cette affaire d'ampleur inédite - la plus importante procédure jugée jusque là pour cyberharcèlement devant la justice française -, la moitié environ des prévenus se sont présentés devant les juges, lors d'audiences qui se sont étalées sur plusieurs semaines, entre fin novembre et janvier.
"Sale chienne", "arnaqueuse", "tu mérites d'être décapitée et lapidée": les débats avaient permis d'évoquer la virulence des dizaines de milliers de messages envoyés à la victime, parfois assortis de menaces de mort, et dont certains revêtaient une connotation sexiste et/ou antisémite. Mme Berdah, 42 ans, avait confié au tribunal avoir été "à deux doigts de (se) jeter par la fenêtre".
La peine la plus sévère prononcée mardi atteint 12 mois de prison ferme. Les prévenus - âgés de 20 à 49 ans et résidant dans toute la France - ont par ailleurs été condamnés à des amendes de 300 à 700 euros, et à suivre un stage de citoyenneté.
Il leur est interdit, pendant deux ans, d'entrer en contact, y compris sur les réseaux sociaux, avec la victime, à qui ils devront verser solidairement 54.000 euros au titre de son préjudice moral.
La plupart ont expliqué qu'ils voulaient mettre en cause Mme Berdah pour de supposées pratiques commerciales trompeuses à travers sa société Shauna Events - qui met en relation influenceurs et marques.
Presque tous ont évoqué le rôle dans cette controverse du rappeur Booba, qui s'est lancé en 2022 dans une croisade contre Mme Berdah et contre ceux qu'il appelle les "influvoleurs", qu'il accuse de multiples arnaques à l'encontre des internautes.
Booba est lui-même mis en cause dans ce dossier, mais à travers une procédure distincte: il est mis en examen depuis octobre 2023 pour harcèlement moral en ligne aggravé et placé sous contrôle judiciaire.
Dans sa décision de mardi, le tribunal correctionnel a justement évoqué le rôle de Booba, en expliquant que les faits "découlent des publications du rappeur", dont "les prévenus avaient parfaitement connaissance", ont résumé dans un communiqué les trois défenseurs de Mme Berdah, Mes Antonin Gravelin-Rodriguez, Rachel-Flore Pardo et David-Olivier Kaminski.
E.Janssens--JdB