Cannes: Wim Wenders et Catherine Breillat, des "revenants" sur le tapis rouge
Lui a gagné la Palme d'or il y a près de 40 ans, elle n'avait pas tourné depuis près de dix ans: l'Allemand Wim Wenders et la Française Catherine Breillat font leur grand retour jeudi à Cannes, en compétition.
Le réalisateur de "Paris Texas" vient présenter "Perfect Days", sur un homme travaillant à l'entretien des toilettes publiques de Tokyo et dont le passé va ressurgir au gré de rencontres.
Le plus international des cinéastes allemands est là à double titre puisqu'il est également venu avec un documentaire hors compétition sur son compatriote, l'artiste Anselm Kiefer.
Mais c'est le retour de Catherine Breillat, après de graves ennuis de santé, qui devrait retenir l'attention. Hémiplégique après un AVC, elle n'avait pas tourné de film depuis 10 ans, le dernier étant "Abus de faiblesse", avec Isabelle Huppert, adaptation de son roman autobiographique sur un escroc qui l'a ruiné. Et son dernier passage à Cannes remonte à 2007 avec "Une vieille maîtresse", incarnée par Asia Argento.
Son nouveau film, "L'Eté dernier", plonge comme ses précédents dans la transgression sexuelle, avec l'histoire d'une avocate entamant une liaison avec le fils adolescent de son mari.
Quel film séduira le jury présidé par Ruben Östlund, qui avait remporté la Palme d'or l'année dernière avec "Sans Filtre", comédie grinçante sur le capitalisme ?
A deux jours du palmarès, et avec les trois quarts des 21 films en lice vus par le jury, la course reste très ouverte. Le Finlandais Kaurismäki, cité régulièrement par Östlund comme un de ses cinéastes favoris, tient la corde avec le très mélancolique "Les feuilles mortes", selon le classement de la revue spécialisée Screen, qui fait autorité.
Parmi ses rivaux pour la Palme d'or, figurent "May December" de l'Américain Todd Haynes, porté par le duo Julianne Moore/Natalie Portman, et "Anatomie d'une chute" de la Française Justine Triet, film de procès autopsiant un couple.
Les membres du jury pourraient aussi choisir le glaçant "The Zone of Interest", du Britannique Jonathan Glazer, qui montre la vie quotidienne du commandant du camp d'extermination d'Auschwitz, Rudolph Höss, et de sa famille.
Le Chinois Wang Bing avec "Jeunesse (Le Printemps)", sa fresque monumentale de 3h32 aux côtés des travailleurs migrants dans les usines en Chine, a également été saluée pour son ambition.
A moins que le jury ne soit séduit par la fresque du vétéran italien Marco Bellochio, Palme d'or d'honneur 2021, sur l'enlèvement au XIXe siècle d'un enfant juif sur ordre papal.
K.Laurent--JdB