Journal De Bruxelles - Londres signe le décret d'extradition aux Etats-Unis de Julian Assange, qui fera appel

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Londres signe le décret d'extradition aux Etats-Unis de Julian Assange, qui fera appel
Londres signe le décret d'extradition aux Etats-Unis de Julian Assange, qui fera appel / Photo: JUSTIN TALLIS - AFP

Londres signe le décret d'extradition aux Etats-Unis de Julian Assange, qui fera appel

C'est un "jour sombre" pour ses soutiens, mais pas la fin du feuilleton judiciaire: le gouvernement britannique a annoncé vendredi avoir signé le décret d'extradition vers les Etats-Unis du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui fera appel.

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L'Australien de 50 ans est poursuivi aux Etats-Unis pour une fuite massive de documents confidentiels.

Après un long bras de fer judiciaire à rebondissements, la justice britannique avait formellement donné son feu vert le 20 avril à sa remise à la justice américaine, mais il revenait à la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel de signer un décret d'extradition, ce qu'elle a fait vendredi.

Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a justifié cette étape en soulignant que l'extradition de Julian Assange n'était pas "incompatible avec ses droits humains, y compris son droit à un procès équitable et à la liberté d'expression" et qu'aux Etats-Unis il serait "traité de manière appropriée, y compris en ce qui concerne sa santé".

Des organisations de défense de la liberté de la presse, dont Reporters sans frontières et Amnesty international s'opposent à cette extradition, craignant que malgré les assurances des autorités américaines, Julian Assange soit soumis à des conditions d'isolement en prison qui aggraveraient un risque de suicide.

Pour Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, l'extradition de Julian Assange risque de le mettre "en grand danger et enverrait un message effrayant aux journalistes du monde entier".

- "Jour sombre" -

WikiLeaks a dénoncé "un jour sombre pour la liberté de la presse" et annoncé que Julian Assange ferait appel devant la Haute Cour. Il a un délai de 14 jours pour le faire.

Il est réclamé par la justice américaine qui veut le juger pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Il risque 175 ans de prison.

M. Assange est détenu depuis trois ans à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, où il a épousé en mars Stella Moris.

Ils ont deux petits garçons, conçus lorsque Julian Assange vivait à l'ambassade d'Equateur à Londres. Le fondateur de WikiLeaks a passé sept ans dans cette ambassade où il s'était réfugié en 2012, alors qu'il était en liberté sous caution.

Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou bien la Suède où il faisait l'objet de poursuites pour viol depuis abandonnées.

Il avait finalement été arrêté par la police britannique en avril 2019 et emprisonné.

Son épouse, une avocate sud-africaine d'une trentaine d'années, avait supplié la ministre de l'Intérieur Priti Patel d'empêcher son extradition, la priant de mettre fin à ce qu'elle considère comme une "affaire politique".

"Quiconque dans ce pays se soucie de la liberté d'expression devrait avoir profondément honte que la ministre de l'Intérieur ait approuvé l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis, le pays qui a comploté son assassinat", a-t-elle déclaré dans un communiqué vendredi.

"Julian n'a rien fait de mal. Il n'a commis aucun crime et n'est pas un criminel. Il est journaliste et éditeur, et il est puni pour avoir fait son travail", a-t-elle poursuivi.

Stella Assange et WikiLeaks ont souligné que ce "n'est pas la fin du combat. Ce n'est que le début d'une nouvelle bataille juridique".

Si l'autorisation de faire appel est accordée, l'audience pourrait ne pas avoir lieu avant début 2023, a expliqué à l'agence PA Kate Goold, associée du cabinet d'avocats Bindmans et spécialisée dans les affaires d'extradition.

Même si l'appel est refusé, l'extradition pourrait être retardée pour des raisons de santé si Julian Assange "est trop malade, par exemple, s'il n'est en état de prendre l'avion".

M. Assange "a également la possibilité de faire appel de la décision d'extrader pour des motifs liés aux droits de l'homme si cela est nécessaire pour éviter une véritable injustice" a-t-elle avancé.

Il pourrait saisir la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), un processus susceptible de prendre plusieurs années.

G.Lenaerts --JdB