

Le gouvernement promet une feuille de route pour lutter contre le chemsex
Le ministre de la Santé, Yannick Neuder (LR), a donné "rendez-vous en septembre" aux députés pour un "plan chemsex 2025", lors d'un débat lundi sur cette pratique dangereuse et addictive consistant à consommer certaines drogues afin d'intensifier ses rapports sexuels.
L'affaire de l'humoriste Pierre Palmade, qui a provoqué en février 2023 un grave accident après plusieurs jours de chemsex, a contribué à faire sortir de l'ombre cette pratique, dont un rapport de 2022 remis au ministère de la Santé estimait qu'elle concernait entre 100.000 et 200.000 personnes a minima en France.
Les députés ont approuvé à l'unanimité une proposition de résolution demandant au gouvernement une "stratégie nationale de prévention" contre le phénomène.
Remerciant les élus d'avoir donné une "nouvelle visibilité" à ce sujet, M. Neuder a souligné qu'une expérimentation était en cours, qui avait permis la mise en place dans six villes pilotes d'une "offre d'accompagnement en réseau pluri-disciplinaire spécifiquement pensée pour les personnes pratiquant le chemsex", qui associe spécialistes de la santé sexuelle, de la santé mentale et addictologues.
L'expérimentation doit prendre fin mi-2025, mais elle pourrait être étendue, sous réserve d'une "évaluation définitive positive", a-t-il dit.
La dernière loi de financement de la Sécurité sociale a par ailleurs permis de pérenniser les "centres de santé et de médiation en santé sexuelle". "Ces centres ont la capacité de développer des parcours complets de prévention, de réduction des risques et de prise en charge pour les personnes pratiquant le chemsex qui représentent environ 40% de leur file active", a-t-il expliqué.
Les orateurs ont convergé sur un constat: "le chemsex ne cesse de progresser en France", s'étendant aux hétérosexuels, et touchant, au-delà des "milieux parisien", "nos métropoles, nos villes moyennes, nos communes rurales", comme l'a dit la rapporteure macroniste Brigitte Liso. En cause, la facilité à se procurer les substances, et une diffusion via les applications de rencontre.
Outre l'addiction, les risques sont multiples: la baisse de la vigilance peut mener à des rapports non protégés (avec des risques de contaminations), ou à des pratiques violentes et à un risque accru d'agressions sexuelles. Sans oublier les comas ou décès par overdose.
- "Prévenir, ce n'est pas excuser" -
Au RN, le député Frédéric Falcon a estimé nécessaire de parler du sujet "sans jugement", appelant à "renforcer la prévention, l'écoute, l'accès aux soins et proposer des alternatives à ceux qui souffrent". Mais son intervention a surtout été l'occasion de dénoncer "un coup d'Etat institutionnel", après la condamnation de Marine Le Pen à une inéligibilité pour cinq ans.
Si M. Neuder a appelé dans son propos à "ce que la parole puisse se libérer pour sensibiliser le grand public sans jamais stigmatiser", l'orateur du groupe LR, Jean-Pierre Taite, a adopté des accents plus moralisateurs.
"Cette proposition de résolution ne doit (...) pas masquer la responsabilité des consommateurs de drogues. Il n'y a pas de drogues festives ou de drogues douces. La drogue, sous toutes ses formes, est un fléau sanitaire et sociétal que nous devons combattre", a-t-il dit.
"Il faut redire dans cet hémicycle que prévenir, ce n'est pas excuser, et je ne peux que déplorer qu'un député pris en flagrant délit de possession de drogue n'ait pas démissionné depuis plus de six mois sans siéger", a-t-il poursuivi, dans une allusion au député LFI Andy Kerbrat.
Le 17 octobre dernier, l'élu avait été pris en flagrant délit d'achat de stupéfiants à Paris, plus précisément de 3-MMC.
Dans un article de Mediapart, qui révélait qu'il aurait pioché dans son avance de frais de mandat pour acheter de la drogue, il avouait se débattre avec une grave addiction développée dans le cadre de pratiques liées au chemsex.
Le député, depuis en arrêt maladie, était d'ailleurs le seul co-signataire LFI d'une proposition de résolution, quasi-identique, qui devait être débattue dans l'hémicycle mi-juin 2024, avant la dissolution.
D.Verheyen--JdB