

Un yacht de luxe aux enchères jeudi à La Ciotat au profit de l'Etat
Mise à prix: 10 millions d'euros. Le Stefania, yacht de luxe saisi dans une affaire de blanchiment impliquant un Biélorusse, sera vendu aux enchères jeudi à La Ciotat et le produit de la vente ira directement dans les caisses de l'Etat.
Les enchères, menées par l'étude De Baecque, commenceront à 14H30 sur les chantiers navals de cette ville méditerranéenne située près de Marseille, au pied du bateau, mis au sec pour quelques travaux.
Signe de leur caractère exceptionnel: les acheteurs potentiels ont dû déposer 500.000 euros de caution pour pouvoir participer à la vente du bateau de 41 mètres de long, construit en 2021, aux ponts rutilants et intérieurs Art Déco tout en marbre blanc et plaquages dorés.
Doté de cinq suites avec salle de bain privative, d'un jacuzzi, il est "prêt à emmener son futur propriétaire naviguer en Méditerranée ou dans les Caraïbes", vante le dépliant édité pour l'occasion.
Estimé entre 10 et 12 millions d'euros, ce yacht, s'il trouve preneur, sera le bien non immobilier le plus cher vendu par l'Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc) depuis sa création en 2011.
Le Stefania avait été saisi en octobre 2023 par la police italienne, à la demande des autorités françaises, lors d'une escale près de Gênes (nord de l'Italie), alors qu'il s'apprêtait à prendre le large, direction Dubaï.
Les gendarmes enquêtaient depuis plus d'un an sur la base d'un renseignement "faisant état d'activités criminelles organisées par des ressortissants biélorusses et ukrainiens" et une enquête était ouverte "pour trafics d’armes, trafic de produits stupéfiants et blanchiment en bande organisée", selon le parquet de Marseille.
Au final, les investigations ont permis d'identifier un individu, un Biélorusse nommé Chaslau Koniukh, selon un arrêt de la Cour de cassation sur ce dossier que l'AFP a pu consulter.
Par la suite, l'analyse de "sociétés écrans et des mouvements de fonds suspects en provenance de paradis fiscaux confirmait la volonté de dissimuler l'origine frauduleuse des fonds utilisés pour l’achat d'une fastueuse villa" sur la Côte d'Azur, à Roquebrune-Cap-Martin et du Stefania, précise le parquet de Marseille.
En mai 2023, la villa, estimée à 10 millions d'euros, était placée sous main de justice. Et quelques mois plus tard, en octobre, le yacht, battant pavillon des Iles Caïman et d'une valeur marchande de 16,5 millions d'euros à l'époque, était repéré en Italie avant d'être immobilisé.
- Un autre yacht dans le viseur -
Les recours intentés par la société Stefania LLC, qui réclamait la restitution du yacht, ayant été purgés, la vente, qui avait été une première fois fixée début 2024, peut désormais avoir lieu.
Outre des biens immobiliers, l'Agrasc peut saisir des assurances-vie, des biens mobiliers comme ce yacht, des comptes bancaires ou même des crypto-actifs.
En 2024, elle a confisqué 244,1 millions d'euros de biens dont 160 millions ont été directement reversés au budget de l'Etat, soit 50 millions de plus par rapport à 2023.
A La Ciotat, un autre yacht, l'Amore Vero, deux fois plus long (86 mètres), est immobilisé depuis trois ans par les douanes françaises dans le cadre des mesures de gel prises par l'Union européenne contre des biens appartenant à des Russes, à la suite de l'invasion russe en Ukraine.
Une enquête est toujours en cours, là aussi au parquet de Marseille, et pourrait éventuellement déboucher sur une saisie judiciaire, si une tentative de faire échapper le yacht à ce gel était avérée.
Il est toujours entretenu par un équipage à bord financé par son propriétaire, une société des îles Vierges britanniques qui conteste avoir un lien avec Igor Setchine, patron du géant pétrolier russe Rosneft et proche du président Vladimir Poutine.
Cette immobilisation avait constitué un des premiers signes tangibles de la traque aux biens de luxe des proches de Vladimir Poutine. Des voix en Europe appellent désormais à la saisie des fonds russes gelés pour soutenir l'Ukraine.
A.Thys--JdB