Journal De Bruxelles - Une "organisation criminelle déterminée" au service de l'évasion de Mohamed Amra

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Une "organisation criminelle déterminée" au service de l'évasion de Mohamed Amra
Une "organisation criminelle déterminée" au service de l'évasion de Mohamed Amra / Photo: Daniel MIHAILESCU - AFP

Une "organisation criminelle déterminée" au service de l'évasion de Mohamed Amra

Deux jours après l'arrestation en Roumanie du narcotrafiquant Mohamed Amra, 22 personnes se trouvaient toujours en garde à vue lundi en France, dessinant les contours d'une "organisation criminelle déterminée" à faire évader le fugitif le plus recherché du pays, dont la cavale aura duré neuf mois.

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Un total de 25 personnes, 18 hommes et 7 femmes, âgées de 16 à 37 ans, avaient été interpellées et placées en garde à vue dans la foulée de l'arrestation de Mohamed Amra, a détaillé lundi soir la procureure de Paris Laure Beccuau, lors d'une conférence de presse.

Depuis, sur les 25, trois ont été levées. Elles concernaient deux femmes et un homme.

Ces interpellations, qui ont mobilisé environ 150 policiers, ont eu lieu en région parisienne et dans le Grand Ouest, notamment en Normandie d'où était originaire le trafiquant.

Surnommé "La Mouche", Mohamed Amra était traqué depuis son évasion sanglante en mai 2024, lors de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres blessés.

Les investigations ont permis d'établir qu'une "organisation criminelle déterminée" s'était déployée autour de lui, autant dans la préparation que dans l'action même le jour de l'évasion: "équipe de voleurs, de logisticiens, de guetteurs, l'équipe même du commando...", a énuméré Laure Beccuau.

- Trois interpellations à l'étranger -

Les enquêteurs de police judiciaire mobilisés, au premier rang desquels l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) exploitent actuellement les "nouveaux éléments" recueillis en perquisition. Les investigations sont instruites par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).

Outre Amra, trois autres personnes ont aussi été interpellées à l'étranger, a rappelé la procureure. Deux Français, âgés de 28 et 38 ans, ont été arrêtés dimanche soir à Marrakech, selon la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) du Maroc.

Un autre homme a été interpellé samedi en Espagne. Surnommé "Abe" et présenté comme "l'un des responsables" de l'évasion de , il a été arrêté dans une luxueuse villa disposant d'importantes mesures de sécurité à Mijas dans la province de Malaga (sud de l'Espagne), a précisé la police espagnole.

Lors de la perquisition, les enquêteurs ont notamment retrouvé deux armes à feu chargées, des munitions, des brouilleurs, des plaques d'immatriculation françaises "doublées" et un véhicule de luxe volé en France.

Mohamed Amra, 30 ans, a été arrêté samedi en Roumanie. "L'hypothèse la plus probable" est qu'il soit resté en France, jusqu'à son départ en Roumanie début février, a confié une source proche de l'enquête à l'AFP. Selon le ministre roumain de l'Intérieur Catalin Predoiu, il "voulait faire des opérations (de chirurgie) esthétiques" avant de "quitter le pays pour la Colombie".

- Appartement en Roumanie -

"Il vivait dans un appartement loué via deux complices, deux amis de France. Quelques jours avant son arrivée" le 8 février, a indiqué lundi le directeur de l'investigation criminelle en Roumanie, Cristian Gheorghe.

"Ses amis avaient apporté des provisions, de la nourriture, de l'eau", a-t-il ajouté, précisant que les policiers avaient réussi à "identifier le véhicule dans lequel il voyageait" et avaient "remonté sa piste" jusqu'à un complexe résidentiel situé au nord de Bucarest.

Amra "portait de faux documents et une petite somme d'argent. Il n'a pas opposé de résistance" lors de son arrestation, a encore détaillé Cristian Gheorghe.

Dimanche, Amra est apparu menotté, cheveux teint en roux et veste de sport noire, devant le tribunal de Bucarest où il a été présenté à une juge.

Il "ne reconnaît pas les faits commis mais souhaite respecter la décision des autorités françaises qui veulent le juger", a déclaré son avocate Maria Marcu à la sortie de l'audience.

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a dit espérer son retour en France dans "moins de dix jours".

Son évasion datait du 14 mai 2024, lorsque le détenu multirécidiviste avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être amené à un juge d'instruction qui devait l'interroger.

Un commando en avait alors profité pour attaquer, à la voiture-bélier et aux fusils d'assaut le fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville (Eure) pour le libérer.

La France avait alors découvert l'existence de Mohamed Amra: adolescent voyou, condamné pour la première fois à 13 ans pour vols aggravés et qui a progressivement "dérivé vers la violence", pour rejoindre la grande criminalité organisée, d'après un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ).

Sa "dangerosité grandissante" n'a pas été évaluée à sa juste mesure alors qu'il était soupçonné d'avoir poursuivi "ses activités de trafic de produits stupéfiants en ayant recours à la plus grande violence" depuis la prison, selon l'IGJ.

Preuve du caractère hors norme de l'enquête sur son évasion: tout au long de sa cavale, "100 à 150" enquêteurs de la police judiciaire ont travaillé au quotidien sur ce dossier devenu symbole de l'emprise du narcotrafic en France, a rappelé lundi Christian Sainte, le patron de la police judiciaire.

isb-jpa-tll-mca-we-clw/mat/as

H.Raes--JdB