Bangladesh: des manifestants détruisent des bâtiments liés à l'ex-dirigeante renversée
Des centaines de manifestants ont détruit mercredi et jeudi au Bangladesh plusieurs bâtiments liés à l'ex-Première ministre Sheikh Hasina, une série d'incidents dont le gouvernement provisoire a rendu l'ex-maîtresse du pays seule responsable.
Sheikh Hasina, qui dirigeait le Bangladesh d'une main de fer depuis 2009, a fui son palais et trouvé refuge en Inde le 5 août dernier, après plusieurs semaines d'émeutes réprimées dans le sang.
Inculpée par la justice bangladaise de crimes contre l'humanité, elle fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt internationaux.
Mercredi soir, six mois jour pour jour après sa chute, une foule munie de marteaux et de barres de fer a vandalisé et incendié la maison transformée en musée de son père, le premier président du pays Sheikh Mujibur Rahman, dans la capitale Dacca.
Le bâtiment a ensuite été totalement détruit par une pelleteuse, sans que les forces de l'ordre n'interviennent, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Selon des témoins, deux membres du parti de l'ex-cheffe du gouvernement, la Ligue Awami, ont été blessés par la foule pendant l'incident.
Emmenés par des étudiants, à la pointe des émeutes de l'été dernier, les manifestants ont visé la maison-musée après avoir appris que Sheikh Hasina devait s'adresser à ses partisans sur les réseaux sociaux.
Dans son message, elle a accusé ceux qui ont causé sa chute de "conspiration pour voler les droits du peuple".
Le gouvernement provisoire, dirigé depuis août par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, a mis en cause l'ex-Première ministre.
"La répétition de ces incidents peut être évitée si Sheikh Hasina (...) évite de telles prises de paroles", a-t-il estimé dans un communiqué, soulignant que l'ancienne dirigeante avait "insulté le peuple qui a sacrifié sa vie en faisant des remarques inutiles, absurdes et haineuses".
Outre la maison de son père, des manifestants ont visé d'autres bâtiments liés à la famille Hasina, dont une maison appartenant à son ex-mari à Dacca et un immeuble à Khulna, dans le sud-ouest du pays, selon la presse locale.
L'organisation de défense des droits humains Ain O Salish Kendra (ASK) a condamné ces attaques.
"Ces actes peuvent constituer des obstacles sur la route de la restauration de la démocratie", a regretté Hafizuddin Ahmed, l'un des chefs du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), la principale formation d'opposition sous le régime Hasina.
K.Laurent--JdB