Accusations de viol: le non-lieu pour Ary Abittan confirmé en appel
L'éclaircie judiciaire se confirme pour l'acteur Ary Abittan: la cour d'appel de Paris a entériné jeudi le non-lieu dont a bénéficié l'humoriste, actuellement engagé dans une tournée de spectacles, après une plainte pour viol déposée par une femme fin 2021.
L'information a été annoncée à l'AFP par deux sources proches du dossier.
"La justice a considéré qu'Ary Abittan est innocent, après une instruction de plus de trois ans. Les sept magistrats qui ont eu à statuer sur ce dossier sont unanimes. Désormais, il n'y a aucune place au doute sur l'innocence de mon client", s'est félicitée Me Caroline Toby.
Sollicitée, Me Charlotte Plantin, avocate de la plaignante, n'a pas souhaité réagir à cette décision de la cour d'appel conforme aux réquisitions du parquet général, formulées lors d'une audience le 19 décembre.
La jeune femme, qui fréquentait l'acteur depuis quelques semaines au moment des faits reprochés, l'accuse de lui avoir imposé une sodomie lors d'une soirée chez lui, le 30 octobre 2021.
Agée de 23 ans à l'époque, elle avait porté plainte peu après, et des lésions ont été constatées médicalement, compatibles avec un rapport sexuel anal.
Placé en garde à vue le lendemain matin, l'acteur qui fêtera vendredi ses 51 ans avait été mis en examen pour viol.
Au cours de la procédure, la jeune femme avait décrit l'acteur comme "obsédé" par la pratique de la sodomie mais précisé qu'il avait, jusqu'alors, toujours accepté son refus.
Cette nuit-là, elle assurait avoir d'abord dit "non pas ce soir", puis "hurlé de douleur" pendant l'acte.
Dans une série de messages avec une amie sur WhatsApp immédiatement après les faits, elle écrira : "Il s'est +trompé de trou+ / Et ça m'a fait hyper mal / Jlui ai demandé d'arrêter / Et il a continué (...) / Je suis sûre qu'il s'est pas trompé / J'avais mal et tout / Et jlui demandais d'arrêter / Mais rien quoi".
- Manifestations -
En juillet 2023, les deux juges d'instruction avaient levé les charges visant Ary Abittan car des éléments recueillis au cours de l'enquête avaient "affaibli la valeur probatoire des indices initialement retenus", d'après des décisions obtenues par l'AFP.
Elles soulignaient notamment les témoignages d'anciennes petites amies décrivant "un partenaire respectueux" ainsi que des expertises écartant "une sexualité déviante ou de pulsions sexuelles agressives".
Le parquet de Paris et les juges avaient aussi estimé que les déclarations de la plaignante sur le soir des faits avaient "évolué" et qu'une partie de celles-ci étaient "contredites" par l'enquête.
Au final, "une certaine équivocité" de la plaignante avait été retenue "dans la conduite et les signaux" envoyés à l'acteur.
Les deux juges avaient néanmoins reconnu son stress post-traumatique "indiscutable".
Ary Abittan, qui a démarré sur les planches avec des spectacles humoristiques, est surtout connu du grand public pour son rôle de gendre de Christian Clavier dans la trilogie "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?" de Philippe Chauveron (2014, 2019 et 2022).
Habitué des émissions d'Arthur sur TF1, il a également joué dans des téléfilms.
Suite à sa progressive mise hors de cause, l'acteur a repris ses spectacles, qui ont encore récemment été émaillés de manifestations féministes, notamment à l'appel du collectif #NousToutes demandant l'annulation de certaines dates.
L'acteur doit par exemple se produire fin février à La Cigale à Paris, pour un spectacle, "Authentique", consacré notamment, d'après la presse régionale, aux accusations de viol le visant.
Le Parisien racontait par exemple en mai que l'humoriste lançait à plusieurs reprises: "Finies les emmerdes". Ou encore: "Vous avez vu comme j'ai maigri ! Je n'ai pas repris depuis la garde à vue".
Dans le sillage du mouvement #MeToo, qui a explosé fin 2017, d'autres comédiens ou humoristes ont fait l'objet d'accusations de violences sexuelles et sexistes.
Ainsi de Gérard Depardieu, mis en examen pour viols dans un premier dossier, et qui doit être jugé dans un second fin mars pour agressions sexuelles lors du tournage des "Volets verts".
L'actrice Judith Godrèche a elle accusé de viols le réalisateur Benoît Jacquot, de 25 ans son aîné, avec qui elle a entretenu une relation alors qu'elle avait 14 ans.
Les deux hommes contestent les allégations.
A.Parmentier--JdB