Un Thaïlandais avoue le meurtre d'un ancien député cambodgien
Un Thaïlandais soupçonné d'avoir tué un ancien député cambodgien d'opposition, Lim Kimya, à Bangkok a avoué samedi son crime dans une vidéo diffusée en direct.
Portant un T-shirt blanc sous un gilet pare-balles, Ekkalak Paenoi a déclaré à la police et à la presse: "J'avoue que j'ai mal agi", après avoir été inculpé de meurtre avec préméditation et de possession d'armes à feu sans autorisation.
"Si j'ai osé le faire, j'ose l'admettre", a-t-il ajouté.
Lim Kimya, ancien député cambodgien du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), aujourd'hui dissous, a été abattu mardi en pleine rue par un motocycliste alors qu'il arrivait en bus à Bangkok en provenance du Cambodge avec son épouse française.
Des personnalités de l'opposition cambodgienne ont accusé Hun Sen, le puissant ancien dirigeant du pays, d'avoir commandité cet acte.
La France a aussi condamné l'assassinat de Lim Kimya, qui possédait également la nationalité française.
Un porte-parole du gouvernement cambodgien a nié toute implication officielle dans le meurtre.
La police cambodgienne a indiqué avoir arrêté le suspect mercredi et l'avoir emmené à la frontière thaïlandaise à la suite d'une demande d'extradition. Le suspect, qui est un ancien soldat, selon la police cambodgienne, a été ensuite transféré samedi à Bangkok par un hélicoptère de la police thaïlandaise.
"Nous ne pouvons pas encore déterminer les motifs, veuillez nous donner du temps", a dit à la presse Somprasong Yenthuam, un haut responsable policier. Il a précisé qu'un mandat d'arrêt a également été émis à l'encontre d'un complice cambodgien.
- Un meurtre "odieux" -
Sanong Sangmanee, le chef de la police du centre-ville de Bangkok où a eu lieu le meurtre, a déclaré à l'AFP que l'assassin, qui travaillait comme chauffeur de moto-taxi, sera placé en détention dans l'attente de son procès.
De nombreux militants de l'opposition cambodgienne se sont réfugiés en Thaïlande ces dernières années pour échapper à la répression dont ils feraient l'objet dans leur pays. Certains ont été arrêtés et expulsés vers leur pays.
Le CNRP, qui a été dissous par décision de justice en 2017, a déclaré dans un communiqué qu'il était choqué par le meurtre "odieux et inhumain" de Lim Kimya et a condamné un "acte brutal qui menace gravement la liberté politique".
Hun Sen a dirigé le Cambodge d'une main de fer pendant près de quarante ans, les groupes de défense des droits de l'homme l'accusant d'utiliser le système judiciaire pour écraser l'opposition à son régime.
Il s'est retiré et a cédé le pouvoir à son fils Hun Manet en 2023, mais il est toujours considéré comme très puissant dans le royaume. Mardi, Hun Sen avait demandé l'adoption d'une nouvelle loi qualifiant de "terroristes" ceux qui tenteraient de renverser le gouvernement de Hun Manet.
Pour sa part, la figure de l'opposition cambodgienne Sam Rainsy, qui vit en exil en France, a dénoncé l'assassinat "politique" de son "collègue" par des "hommes de main de Hun Sen".
D.Mertens--JdB