Le "footing vertical", l'escalade accessible à tous
"C'est la liberté". Camille Weissbeck, 18 ans, ne peut pas se servir d'une partie de sa jambe droite, et pourtant elle grimpe un mur de 15 mètres de haut grâce au "footing vertical", une invention qui rend l'escalade accessible à tous.
"La première fois que j'ai grimpé, j'ai dit :+je me sens en vie+", raconte la jeune fille en fauteuil roulant. Sportive depuis son plus jeune âge, elle a subi à 15 ans un accident de gymnastique la laissant avec des lésions nerveuses au niveau de la jambe droite.
Après un an sans sport, elle voulait retrouver une activité physique et a testé le "footing vertical", une invention de Mickael et Bassa Mawem, deux champions d'escalade propriétaires d'une salle à Colmar (Haut-Rhin).
Il s'agit d'un treuil à assistance électrique qui s'accroche en haut d'un mur d'escalade. L'utilisateur enfile un harnais spécialement conçu et peut grimper tout en étant soutenu dans ses efforts, avec le degré d'assistance qu'il souhaite.
"Quand on est en haut, c'est la liberté", décrit Camille.
"Le +footing vertical+ vise à rendre l'escalade accessible à tous", explique Mickaël Mawem. Qu'il s'agisse d'une personne en fauteuil roulant, paraplégique, amputée d'un membre, en surpoids ou âgée, "la machine s'adapte" et accompagne son effort, en la délestant d'un poids.
Peter Meier, 80 ans pour environ 100 kg, atteint ainsi assez facilement le haut de la voie, malgré ses prothèses de genoux.
"Avec la machine, je lui ai enlevé 76 kilos", explique Mickael Mawem. "Il a un petit effort à faire qui est léger mais suffisant à son âge".
"ça aide un peu", confirme l'octogénaire, une fois de retour sur le sol. Il assure venir régulièrement s'entraîner "pour le plaisir", pour "faire baisser son poids" et aussi "faire du sport".
"Ca fait plaisir de grimper", confie-t-il. "C'est un amusement et en même temps on fait vraiment du sport".
- "Ramener au sport" -
Pour Mickaël Mawem, le "footing vertical" est "un outil pour ramener les personnes au sport", à l'image du vélo à assistance électrique, qui a encouragé des personnes âgées ou inactives à se remettre en selle.
Les frères Mawem l'ont mis au point avec un ingénieur, Sébastien Kuehn, et l'ont présenté aux Jeux paralympiques à Paris. Après deux ans de travail, plus de 2 millions d'euros d'investissement et de multiples tests, ils comptent proposer la machine en crédit-bail, autour de 650 euros par mois, et livrer les premières salles d'escalade à partir d'août 2025.
Chaque appareil pourra être utilisé en toute autonomie, le grimpeur choisissant son niveau d'assistance électrique grâce à une application.
Le réseau de salles d'escalade Climb up a déjà manifesté son intérêt.
Pour le trio d'inventeurs, le "footing vertical" représente "un gros investissement", en termes d'argent mais aussi de temps. Mais la réaction du public lors de présentation de la machine aux Jeux paralympiques les a confortés dans leur projet: "On a vu la joie, les sourires qu'on a apportés, l'envie de se remettre au sport pour certaines personnes...", décrit Mickaël Mawem.
"Ça m'a apporté énormément d'autonomie", témoigne Camille Weissbeck, qui n'utilise plus cet équipement que ponctuellement puisqu'à force d'entraînement, elle est capable de grimper sans aide.
"Et puis ça m'a apporté de la joie et un peu de gaité. Et l'envie d'avancer et d'y aller toujours à fond", ajoute la jeune fille. Elle pense désormais compétition et envisage même d'intégrer l'équipe de France en para-escalade. Cette discipline fera son apparition aux Jeux paralympiques de Los Angeles 2028.
D.Verstraete--JdB