Au premier jour de son procès, Nicolas Zepeda nie formellement avoir tué Narumi Kurosaki
Au premier jour de son procès pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, le Chilien Nicolas Zepeda a nié "de toutes (ses) forces" mardi avoir tué son ancienne petite amie japonaise.
"Je tiens à dire clairement que je n’ai pas tué Narumi, je nie de toutes mes forces ces accusations", a déclaré en espagnol l'homme de 31 ans, évoquant "une accusation monstrueuse" à son encontre.
"Cela fait cinq ans que Narumi a disparu et, depuis lors, cela a été un cauchemar. J’ai Narumi dans mes pensées depuis cinq ans et je ressens le chagrin immense de sa famille", a-t-il affirmé, la voix chevrotante, selon des propos traduits simultanément en français.
"J'espère sincèrement que ce procès va apporter de la vérité, la vérité dont on a besoin pour la retrouver", a ajouté celui qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Lui faisant face, la mère et la plus jeune soeur de Narumi Kurosaki, très émues, l'ont observé fixement depuis le banc des parties civiles, alors qu'elles évitaient son regard depuis l'ouverture des débats.
- Témoins en visio -
En détention provisoire depuis l'été 2020 après son extradition du Chili, l'homme vêtu d'une chemise bleu clair et cravate sombre est apparu serein et concentré à l'ouverture de son procès.
Econduit à l'automne 2016 par Narumi Kurosaki qu'il avait rencontrée à l'université au Japon, Nicolas Zepeda est accusé d'avoir prémédité le meurtre de la jeune femme de 21 ans qui étudiait le français à Besançon et n'a plus été revue depuis le 4 décembre 2016.
Le président de la cour Matthieu Husson, qui avait déjà officié pour le procès de Jonathan Daval à Vesoul fin 2020, a souligné d'emblée que ce procès "se distingue par son internationalité" sur "une amplitude horaire de douze heures".
Certains témoins seront entendus en visioconférence depuis le Japon et le Chili et six interprètes sont chargés d'assurer la traduction simultanée de l'intégralité des débats en japonais et en espagnol.
Mais le corps de Narumi Kurosaki n'a jamais été retrouvé et Nicolas Zepeda, unique suspect, affirme l'avoir quittée vivante avant de poursuivre son séjour en Europe puis de rentrer au Chili.
- "Pas de preuves" -
Venus de Santiago du Chili, les parents de Nicolas Zepeda sont arrivés ensemble au tribunal, marchant d'un pas décidé devant les nombreux journalistes présents, visages fermés. Ils doivent être entendus mardi après-midi par la cour.
Dans la salle d'audience, les décalages horaires avec Tokyo et Santiago du Chili sont affichés. Huit cartons, trois piles de gros dossiers et différents éléments des scellés de l'enquête ont été rassemblés sur une table.
La journée de mardi doit être consacrée à cerner la personnalité de l'accusé, celui-ci ne devant être interrogé sur les faits que jeudi après-midi.
"Il n'y a pas de preuve de décès, ni de lieu, ni de modalités précises, pas de scénario clair de ce qui est arrivé. (...) Ce dossier est un peu un château de cartes", a soutenu, en amont du procès, la défense de Nicolas Zepeda.
- "Strictement aucun doute" -
Du côté des parties civiles, la famille de Narumi Kurosaki et son petit ami français au moment des faits, Arthur Del Piccolo, s'attendent à ce que Nicolas Zepeda propose "d'autres scénarios que celui qui l'accuse".
"Nous n'avons strictement aucun doute concernant l'implication de Zepeda parce que de nombreux éléments au dossier établissent cette implication", affirme Me Randall Schwerdorffer, avocat de M. Del Piccolo.
Parmi ces éléments figurent des données de téléphonie, la géolocalisation de la voiture louée par Nicolas Zepeda lors de son séjour en France, des achats par carte bancaire dont celui d'un bidon de produit inflammable et d'allumettes ou le témoignage troublant d'un cousin auquel il avait rendu visite en Espagne avant de retourner au Chili.
Fiers de leur fille et de ses brillantes études, les parents séparés de Narumi attendent avant tout de ce procès que Nicolas Zepeda passe aux aveux.
"Ils voudraient revenir avec le corps de leur fille" pour lui offrir des funérailles et pouvoir enfin faire leur deuil, a souligné Me Sylvie Galley, leur avocate.
Le procès doit s'achever le 12 avril.
O.Meyer--JdB