Grèce: optimisme après la découverte d'un rescapé vivant sur le ferry en feu
Un passager piégé depuis trois jours sur le ferry italien en feu au large de l'île grecque de Corfou a été retrouvé sain et sauf dimanche, suscitant l'optimisme des autorités et des proches des disparus.
Une opération est en cours pour "secourir 4 à 5 autres passagers qui sont en vie", a rapporté la chaîne Skai TV.
"Dites-moi que je suis vivant!", a crié le rescapé aux sauveteurs, selon le quotidien Proto Thema.
Ce routier de 21 ans, originaire du Bélarus, a été retrouvé à l'arrière du navire, où sa présence a été détectée alors que le bateau était remorqué à moins de 3 km au nord de Corfou, ont indiqué à l'AFP les garde-côtes grecs.
Les sauveteurs ont pu retourner à bord pour lui porter secours. Une épaisse fumée s'échappait toujours dimanche du ferry.
Surnommé le "miraculé" par plusieurs médias grecs, il a été ramené sur le port de Corfou, vêtu d'un bermuda et chaussé de tongs, ses jambes maculées de suie, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Je vais bien", a brièvement déclaré le jeune homme souriant aux journalistes, avant d'embarquer dans une ambulance jusqu'à l'hôpital, où les médecins l'ont trouvé "en très bonne forme", selon le directeur de l'établissement.
L'Euroferry Olympia de la compagnie italienne Grimaldi, en route pour Brindisi en Italie, s'est embrasé vendredi à l'aube, deux heures après son départ du port grec d'Igoumenitsa, avec 290 personnes, dont 51 membres d'équipage, enregistrées à bord.
Jusqu'ici, 279 personnes recensées ont été secourues, ainsi que deux migrants clandestins afghans, laissant craindre davantage de disparus.
Mais onze routiers manquent toujours à l'appel, sept de Bulgarie, trois de Grèce et un de Turquie, ont précisé les garde-côtes grecs.
Les autorités ont dit leur "optimisme" car "cet homme a réussi à remonter sur le pont dans ces conditions", a souligné Nikos Alexiou, porte-parole des garde-côtes sur ERT.
- Des "voix" dans le ferry -
Le jeune rescapé a indiqué avoir entendu des voix à bord du bateau, a rapporté aux médias le directeur de l'hôpital, Leonidas Roumpatis.
"J'étais dans ma cabine. Je suis descendu jusqu'au dernier sous-sol. J'ai entendu des voix. Je n'ai pas vu les autres", a-t-il déclaré, cité par le site Iefimerida.
Le ferry sinistré semble "encore avoir des endroits sûrs pour les passagers. Comme nous avons vu l'un d'eux sortir, il y a de l'espoir", a déclaré un sauveteur, Andreas Korikis.
"Les recherches continuent mais l'accès est impossible par endroits", a-t-il dit à l'ANA.
La nouvelle de la découverte d'un rescapé a été reçue avec émotion sur le port de Corfou. "Il est en vie, je vous dis qu'il est en vie", a crié la femme d'un routier grec disparu. "Faites ce que vous pouvez, s'il vous plaît. Ils ne pourront pas survivre plus longtemps", a imploré Vanas Bekiari, citée par l'agence grecque ANA.
Une quarantaine de pompiers étaient mobilisés dimanche pour participer aux secours.
"La charge thermique et la toxicité sur le navire restent élevées", a déclaré le ministre adjoint de la Marine marchande Costas Katsafados. "Par endroits, le feu brûle encore. Les opérations sont vraiment délicates", a-t-il dit sur Skai.
- Critiques -
Les critiques montent depuis samedi sur les conditions de sécurité à bord de l'Euroferry Olympia, parti avec 800 m3 de fioul et 23 tonnes de "produits dangereux corrosifs", selon le ministère italien de l'Environnement.
L'enquête du Service grec des accidents maritimes ne fait que commencer. Mais l'incendie pourrait être parti d'un camion garé dans les cales.
Or, plusieurs chauffeurs routiers ont dit préférer dormir dans leur camion que dans les cabines bondées.
"D'après ce que je sais, mon père a dormi dans le camion. Le bateau était dans un état pitoyable à tous points de vue", a déclaré Ilias Gerontidakis, le fils d'un disparu grec, dénonçant le manque de cabines, de sécurité et la saleté.
Conformément à la législation internationale, le ferry, construit en 1995, avait passé avec succès une visite de contrôle le 16 février, a précisé le groupe Grimaldi.
Les cabines, les espaces publics sont régulièrement désinfectés, le surbooking est impossible et personne n'est autorisé dans les garages pendant la traversée.
Avec "77 cabines (308 lits) et 409 sièges, le bateau peut facilement accueillir les 239 passagers pour un voyage de 9 heures", assure encore la compagnie.
Y.Niessen--JdB